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Affichage des articles du novembre, 2017

Réussites et échecs scolaires (2) : refuser d'apprendre ?

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L'école n'est pas un isolat. L'élève arrive en classe plein d'idées, de conceptions du monde (farfelues, erronées, justes, tout cela à la fois aussi) et de réponses déjà établies. Autant de garanties pour s'orienter dans le monde et tenir à distance un savoir qu'il sait par avance déstabilisateur.  Ce texte est la suite d'une première réflexion à retrouver ici . Théorie de l'esprit Apprendre n'est pas comprendre mais la capacité à comprendre les intentions d'autrui - ce qu'on appelle la théorie de l'esprit - est une forme d'apprentissage réalisée très tôt. Parfois même avant l'école. Or, face à cette capacité tous les enfants ne sont pas égaux. Lectures d'albums, histoires racontées par les adultes proches, réflexivité au sujet des émotions des membres de la famille, autant de moment qui initient à la théorie de l'esprit dans la mesure où l'accès aux émotions des autres se forge alors de manière progressi

Chanson douce, un roman sombre de Leïla Slimani

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Une occasion de revenir sur l'envie selon Melanie Klein Un couple et leurs deux enfants. Ils travaillent tous les deux et n'obtiennent pas de place en crèche. Ils cherchent une nounou. Ils trouvent Louise. Louise s'installe dans leur quotidien. Elle est présente tous les jours, fait bien plus que s'occuper des enfants. Ils l'emmènent en vacances, et un jour elle tue les enfants et tente de se tuer aussi. Le roman de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016, raconte les quotidiens d'une famille et d'une femme. Car ce ne sont pas les mêmes. Ils vivent presque ensemble et pourtant, leurs vies sont si dissemblables.  Ces infanticides qui ouvrent le roman s'éclairent au fur et à mesure des pages d'une histoire qui happe les lecteurs. Louise est envieuse de la vie des Massé. D'une envie kleinienne qui tient peu à la douceur. Melanie Klein définit l'envie comme " le sentiment de colère qu'éprouve un individu quand il craint qu'u

Carré 35 : deuils impossibles

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Eric Caravaca, acteur et réalisateur, est devenu père et a filmé son fils. Il ne sait pas alors que ses parents ont fait comme lui quand sa grande soeur est née. Les films et les photos de cette Christine ont disparu ensuite. Après la mort de la petite fille à 3 ans - avant la naissance des deux fils - la mère a tout détruit et n'est jamais retournée sur la tombe du cimetière de Casablanca dans le carré 35. Un jour, alors qu'adulte il accompagne un ami dans un cimetière, il est pris d'une tristesse qu'il ne s'explique pas en passant dans le carré des enfants. Son film est une manière pour lui de faire parler ses parents, son frère et son cousin. Comment faire parler une mère de la mort de sa fille qu'elle a tue car il lui était impossible de l'accepter ? Comment faire tomber un secret de famille une cinquantaine d'années plus tard ? Comment supporter la révélation des deuils impossibles de sa mère ? Dès le début de ce film court et au monta

La sauvagerie maternelle et la rupture - possible - du serment par son enfant

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Noémie Lvovsky filme une enfant et sa mère. La mère s'absente souvent et quand elle est présente, elle est à côté. Heureusement, la petite fille trouve dans son oiseau domestique un partenaire de discussion et une manière de supporter l'abandon. La forêt, ce  "lieu de l'archaïque, du maternel, de l'inconscient, de l'égarement, de la déraison"  comme le rappelle Anne Dufourmantelle dans son livre La sauvagerie maternelle , vient signifier dans le film la solitude, la mort qui rode, l'absence de perspective demain et tous les autres jours . Si la fin du film fait un saut dans le temps pour retrouver cette enfant en adulte et offrir au spectateur une ouverture heureuse entre la mère et la fille, l'écoute dans le cabinet de l'analyste ne témoigne pas toujours de cette facilité. L'amour de la mère pour le nouveau-né lui "constitue une sorte d'enveloppe psychique et physique qui permettra à l'enfant, plus tard, de "naître