Françoise Dolto, de la pratique à la théorie


Dimanche 9 septembre débutait au MK2 Quai de Loire à Paris, un cycle de trois conférences organisé par Caroline Eliacheff et Jean-Pierre Winter autour de Françoise Dolto. La conférence de ce jour avait pour titre "Françoise Dolto, de la pratique à la théorie". Il s'agissait de revenir sur le parcours de la psychanalyste à partir du livre que Caroline Eliacheff lui a consacré il y a peu : "Françoise Dolto. Une journée particulière".

Comme l'a bien expliqué l'auteure, Françoise Dolto pratiquait  à l'hôpital avec les enfants à une époque où les troubles rapportés étaient le plus souvent du côté de l'inhibition, alors qu'aujourd'hui les symptômes sont plutôt sur le versant de l'excitation. Il n'en reste pas moins que ses élaborations se révèlent toujours pertinentes puisque, par exemple, les "castrations symboligènes" sont toujours nécessaires dans l'éducation. La difficulté à exercer l'autorité sans autoritarisme est donc une question actuelle. Elle est subversive dans la mesure où c'est une castration qui s'impose d'abord aux parents et ce même si Dolto ne visait pas dans sa pratique l'éducation des parents.

La discussion a permis de revenir sur la création de La Maison Verte qui a la particularité d'avoir essaimé en France  (Lyon, Bordeaux, Marseille, Lille, Brest...) puis dans le monde entier mais d'être encore largement inconnu. Ces lieux d'accueil anonymes et sans évaluation où les enfants peuvent jouer accompagnés de leurs parents sont pourtant précieux.

Tout son parcours a rencontré de fortes critiques. Dans les années 1950, elle fut accusée d'avoir des visées communistes et dans les années 1980 de se perdre en bondieuseries. Reconnue comme clinicienne, elle est oubliée comme théoricienne. Caroline Eliacheff et Jean-Pierre Winter ont expliqué ces critiques mais ont assez étonnamment "oublié" de mentionner que si elle avait dû faire face à tant d'embuches de son vivant et que son enseignement était si peu développé depuis, cela s'explique aussi par le fait que c'est une femme. Ils indiquent ainsi à quelle génération ils appartiennent. Pourtant, invisibiliser la misogynie à l'oeuvre dans le champ de la psychanalyse n'est plus tenable aujourd'hui. C'est à cette condition qu'elle peut poursuivre son développement, car comme le disait Lacan parlant du psychanalyste : "Qu'y renonce donc plutôt celui qui ne peut rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque. Car comment pourrait-il faire de son être l'axe de tant de vies, celui qui ne saurait rien de la dialectique qui l'engage avec ces vies dans un mouvement symbolique." (Fonction et champ de la parole et du langage).

Prochaine conférence au mois d'octobre : A quoi sert de parler à un enfant ?

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