Ida, de l'assignation par un autre





Ida, ce n’est pas seulement un film en noir et blanc d’une grande qualité graphique. Des scènes dont chaque image est une photographie qui prend le temps de s’imprimer chez le spectateur.
Ida, ce n’est pas seulement un film qui parle d’une jeune novice catholique qui s’apprête à prononcer ses vœux.
Ida, ce n’est pas seulement un film sur la Pologne des années 1960 aux prises avec la mémoire de la Seconde Guerre mondiale.






Si vous n’avez pas vu ce film et que vous souhaitez le voir, ce n’est pas le moment de lire ce qui suit.


Ida, c’est aussi un film qui parle de l’assignation du sujet par un autre.
L’autre ici ce sont ses parents, qui la font naître juive dans un petit village de Pologne pendant la guerre.
Mais c’est aussi le couvent dans lequel elle grandit, qui la fait devenir novice, une moniale sur le point de prononcer ses vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.
C’est encore sa tante qu’elle rencontre à la veille de prononcer ses vœux, qui lui intime d’essayer la chair avant de s’en priver pour savoir ce qu’elle manquera.

Atroce ironie, le seul qui ne l’assigne pas est le bourreau de sa famille. Parce qu’elle a la peau blanche et qu’elle est un bébé, il l’épargne et la confie à un prêtre.

Pourtant, dire qu’Ida ne fait que se conformer à l’assignation d’un autre n’est pas juste non plus. En effet, elle résiste à une assignation, celle de ce jeune et beau musicien qui lui propose l’autoroute toute tracée d’une vie de couple avec des enfants. Par désir ? Parce que cette proposition est en trop complète opposition avec ce que sa tante et la mère supérieure lui ont intimé ? Ou parce qu’elle connaît déjà l’attente ? Elle a attendu ses parents et sa tante toute sa vie, alors entre attendre - encore - son petit ami à chacun de ses concerts et consacrer sa vie à Dieu, elle choisit le couvent.
Entre l’assignation du couvent et son désir quelque chose s’est noué semble-t-il, intimement relié à la question du deuil.

Assignation, désir et deuil, à travers l’histoire si singulière de cette jeune Ida, le film traite donc de questions universelles dans lesquelles chaque sujet est engagé.



Caroline Bernard - Psychologue clinicienne
66 rue des Grands Champs - 75020 Paris
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