Comme des lions : subir, penser et agir à plusieurs


Ils l'ont appris par une fuite en 2011. PSA avait pour projet de fermer l'usine d'Aulnay-sous-Bois. D'abord, évidemment, la direction a nié. Deux mois après l'élection présidentielle de 2012, PSA rend public son projet. Progressivement les ouvriers se sont organisés. Ils ont lutté ensemble pour obtenir des conditions de fermeture avec quelque considération pour leurs décennies de travail. Ce que ne prévoyait pas le plan de fermeture.

Françoise Davisse filme au plus près les ouvriers dans leurs réactions, leurs doutes, leurs discussions, leurs débats, leurs actions et les accompagne - comme elle nous permet de le faire quelques années après puisque l'usine a fermé en 2014 - dans la création et la vie d'un collectif.


La parole pleine est là. Celle des ouvriers qui se parlent, proposent, s'écoutent, tiennent parole quand ils ont décidé de quelque chose dans le comité de grève, ne tergiversent pas sur leur engagement car ils savent que de cet engagement dépendent tous les ouvriers.

On ne peut pas en dire autant de la part de la direction et de l'Etat. Refus de discussion de la part de PSA, tentative de pourrissement du mouvement de résistance, division et surveillance des ouvriers... la liste est longue. Quant à l'Etat, il joue à merveille son rôle de supplétif. Quelques belles paroles de François Hollande en campagne électorale qui ne sont jamais suivies d'actes. En revanche, au même moment l'Etat se porte garant pour un prêt de 7 milliards pour l'entreprise. Et que dire d'Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif et en visite à Habitat (son futur employeur), qui fait attendre son interlocuteur car les grévistes lui demandent des comptes par un "J'ai un p'tit truc à régler !" ? 2800 personnes travaillaient dans cette usine.

Dans ces temps d'opposition à la loi travail et à la mise en place des GHT à l'hôpital, de Nuit Debout et de convergence des luttes souhaitée, cette grève de plusieurs mois et le documentaire qui en rend compte aujourd'hui est une réponse en acte à un désir viscéral des ouvriers de faire entendre leurs voix et de faire valoir leurs intérêts. La voix de ceux dont on dit qu'ils n'existent plus en France. Faut-il rappeler encore qu'ils constituent 1/4 de la population active ? Qu'avec les employés avec lesquels ils partagent des conditions de travail et des statuts semblables ils en composent la moitié ? 

Un documentaire important à voir actuellement au cinéma.
Pour les Franciliens, le cinéma Espace Saint-Michel propose des projections-rencontres avec la réalisatrice Françoise Davisse.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

En attendant Bojangles : de l'altérité au ravage

Adel Chibane en thérapie