BD - Freud et l'hystérie

Des symptômes pour révéler et cacher

Quoi de mieux qu'une bande dessinée pour raconter Freud et l'hystérie ? Les dessins d'Oscar Zarate exposent à merveille le théâtre de la Salepêtrière à Paris à la fin du XIXe siècle, scène des femmes hystériques hospitalisées et s'exposant au regard des hommes. Un public d'hommes que dirige le médecin Charcot.

L'histoire retrace le parcours de Freud alors qu'il finit ses études de médecine, s'engage dans la recherche et peine à trouver sa voie. Richard Appignanesi - qui avait déjà publié toujours en collaboration avec Zarate en 1979 Freud for beginners - fait dialoguer tout au long du livre le Freud londonien et âgé avec le psychanalyste en devenir de Vienne. Celui qui erre entre la cocaïne, le laboratoire de recherche, Paris, et son cabinet de ville au 19 Berggasse, cherche constamment comment résoudre les énigmes du corps ainsi qu'à laisser sa marque dans l'histoire.

Appignanesi et Zarate alternent les scènes de la vie professionnelle de Freud et d'autres de sa vie privée, les échanges avec sa fiancée puis épouse Martha Bernays, permettant ainsi aux lecteurs d'ancrer cette histoire dans la Vienne bourgeoise.
Trois périodes constituent le coeur du livre. Le passage de Freud à Paris d'abord lorsqu'il observe Charcot à l'oeuvre avec les hystériques. L'étonnement de l'étranger fait place assez vite à ses questionnements, et à ses réticences quant aux méthodes et aux résultats. Le cas d'Augustine permet aux auteurs de montrer les divergences entre les deux médecins. Puis, revenu à Vienne, le traitement de Anna O. ne le satisfait qu'à moitié mais lui révèle la force des symptômes et l'incite à s'intéresser d'avantage à l'étiologie sexuelle de l'hystérie. Enfin, le cas de Elisabeth von R. dont les douleurs aux jambes et les séances - parfois mouvementées - incitent Freud à abandonner l'hypnose et à ne plus toucher ses patients.

Les dialogues avec Breuer et Jones viennent rappeler la publication de livres majeurs, mais aussi les ruptures - nombreuses - dans la vie du psychanalyste.
L'habileté de l'écriture réside dans la fin de la bande dessinée qui se déplace un siècle plus tard et trouve une époque - la nôtre - où les médicaments promettent le salut tout en évitant de se questionner.

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